L`Est de la RDC: une bombe à retardement pour toute la région des Grands Lacs
(Abarundi.org 05/08/2008)
(abarundi.org)- Malgré beaucoup d`initiatives de pacifier la région, il semble que les progrès réels sur le terrain ne sont pas encourageants. Après les multiples conférences de paix, l`organisation de miss région des grands lacs, remise symbolique d`armes, brassage des forces militaires, etc. on apprend que des groupes rebelles sont toujours au qui-vive, tandis que des avions chargés d`armes vont et viennent dans la région. La question qu`il faut poser est de savoir pourquoi cette région reste toujours en ébullition et quelles peuvent être les conséquences de cette situation sur la région ?
Il faut tout d`abord souligner que l`est du Congo est une zone grise où l`autorité de l`Etat est presque absente. C`est pour cela qu`il s`y déroule toute sorte d`activité : rébellion, exploitation illégale des ressources minérales et énergétiques. L`immensité du territoire congolais fait que les autorités congolaises ont du mal à asseoir l`effectivité de l`autorité centrale. Cela fait que les groupes rebelles s`y activent et s`y combattent. Ainsi, la région reste en proie aux conflits divers qui malheureusement risquent d`affecter toute la région.
Les groupes Mai- Mai, les rebelles rwandais, le CDP du général Nkundabatware devenu intraitable font et défont la loi dans les territoires sous leur contrôle. Certains rebelles soutiennent les forces gouvernementales tandis que d`autres combattent le gouvernement. Ainsi le FDLR et les autres groupes rwandais, accusés d`avoir commis les atrocités au Rwanda sont considérées comme les principaux fauteurs de troubles dans l`Est de la RDC. Etant donné qu`ils sont accusés d`avoir participé à l`épuration ethnique au Rwanda, leur présence au Congo a attiré l`attention de certains congolais qui se sont organisés pour empêcher ces groupes de menacer les tutsi du Congo. C`est dans ce cadre que le général Nkunda a décidé de constituer un groupe rebelle pour défendre les tutsi congolais. Il bénéficie de certaines complicités des Rwandais qui le soutiennent sur tous les plans. Le sentiment ethnique est également partagé avec certains Burundais comme on a pu le constater avec certaines interpellations des Burundais au Congo. Ce sentiment ethnique risque d`avoir des implications sur le Burundi, le Rwanda et ailleurs dans la région quand on connaît l`intensité des tensions ethniques dans la région.
Ainsi, le Rwanda qui soutient ouvertement le général Nkunda risque d`entrer en confrontation directe avec la RDC avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Avec une confrontation directe avec un pays voisin, d`autres acteurs soutenant l`un ou l`autre peuvent entrer en jeu et cela risquerait de compliquer la situation. Cela a été vu lors de la première guerre du Congo qui a impliqué beaucoup de pays africains et occidentaux interposés. Etant donné que le Burundi est voisin à ces pays, les conséquences sur lui seraient incalculables avec un risque d`être entraîné dans ce conflit. Il faut ensuite noter le rôle des puissances occidentales qui soutiennent les différents acteurs du conflit pour mieux piller les richesses congolaises.
Tant que cette région continuera à échapper à l`autorité centrale de l`Etat congolais, il sera toujours difficile d`y asseoir la paix. Elle sera toujours un sanctuaire de malfaiteurs dont leurs actions peuvent mettre en danger les efforts de pacifier toute la région des grands lacs. Le Burundi doit tout faire pour éviter que les effets de cette crise ne se répandent sur lui. Des stratégies diverses doivent être mises en place pour se prémunir contre tout danger et toute influence négative venant de là et ainsi réussir ses programmes de développement et de réconciliation nationale.
Pollin AYUBU
Bujumbura le 4/08/2008
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